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Sur la toile, la peinture révèle la chorégraphie du geste. Dynamiques et affirmées, les couleurs deviennent matières, elles prennent de la texture et du relief, de l'épaisseur, du mat et du brillant, elles éclaboussent le regard. Aux frontières de l'abstraction, Nicole Pernette s'exprime sur le mode de la défiguration ; on identifie, mais ce qu'on identifie n'est jamais clairement défini.

Elle joue sur les rapports complexes entre présentation et représentation. Sur la toile, elle intègre : tissus, fils et textures variées, mais elle de se limite pas aux matériaux souples, elle s'approprie également les terres et les sables, les graviers, les bois et les planches qu'elle conserve en l'état ou qu'elle repeint. Fruit d'une mystérieuse alchimie de la matière, son travail interpelle la pensée autant que le regard. On se demande pourquoi elle ne choisit pas un support plus solide, pourquoi une toile plutôt qu'un panneau rigide ? Peut-être tout simplement parce qu'elle aime les matériaux souples et que la toile vibre et palpite au moindre mouvement, qu'elle est le fruit d'un tissage entre fils de chaîne et fils de trame et qu'elle renvoie à cette activité féminine ancestrale et à Arachné qui en fut métamorphosée pour avoir défié Athéna.

 

Quand Nicole Pernette met en scène des personnages et autres formes identifiables, elle les suggère autant qu'elle les impose et l'on peut dire que ce sont les formes qui s'imposent, laissant ainsi à chacun sa liberté d'interprétation. Francis Bacon, sur le mode de la défiguration présentait ses œuvres derrière un verre dans le but de créer reflets et autres déformations pour rendre l'image plus trouble et troublante encore, pour obliger le regardeur à construire mentalement le tableau à partir de l'œuvre mère, ainsi devenue génitrice. Marcel Duchamp affirmait à juste titre "c'est le regard qui fait l'œuvre".

 

Mais c'est au niveau de ses petits "collages" que Nicole Pernette exprime pleinement la dimension métissée de son travail, petites pièces de broderie et matières textiles, fragments d'images, de textes, elle nous propose des œuvres intimes et secrètes. Tout s'organise sur le papier selon une partition polysémique que chacun est invité à décoder.

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